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Editionsbericht
Literatur: Dermée
Literatur: Nord-Sud
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Texte zur Baudelaire-Rezeption
Texte zur Verlaine-Rezeption
Texte zur Mallarmé-Rezeption
Texte zur Theorie und Rezeption des Symbolismus
Qu'il nous est agréable de rendre hommage aux héroïques efforts du Symbolisme pour donner au lyrisme français la pureté, la candeur, les ailes d'ange de la poésie anglaise! Cependant il nous faut le juger au même titre que le Romantisme ou la Renaissance et déplorer la fatalité qui l'a empêché d'accomplir son uvre.
Ce beau jet d'eau montant au ciel avec un sifflement de flamme, se rabattit soudain au sol. Comment! Avoir écrit les Serres Chaudes et Pelléas et enfanter l'Oiseau bleu! Sortir de Hérédia, mener les Jeux rustiques et divins et en revenir à des sonnets parnassiens sur les grâces tremblantes d'une gelée de groseille; s'enivrer de la Clarté de Vie et finir par chanter une beauté grecque molle et élégante comme la sent un bachelier d'Oxford! – Voilà cependant la lamentable aventure des [3] plus grands d'entre les Symbolistes. C'est qu'ils n'ont pas trouvé la beauté qu'ils poursuivaient; dans un bref éclair la terre promise leur est bien apparue, mais la nuit s'est refermée et après avoir longuement erré à l'aventure, harassés, le cur plein de doute, ils ont rallié le chemin royal où le monde se presse.
Et pourtant, en dehors du Romantisme et du Symbolisme il n'y eut pas de poésie en France depuis un siècle. Les poètes-centaures, tels que Baudelaire, Mallarmé, Verlaine et Rimbaud participent de l'un et de l'autre.
Ce grand siècle de lyrisme est une renaissance plus brillante et plus ardente que la Renaissance. Que de richesse, quelle abondance, que de désordre! Quelle royauté laissée au démon de l'inspiration!
Mais la vie de la littérature continue et un instinct très sûr la guide dans son évolution! A une période d'exubérance et de force doit succéder une période d'organisation, de classement, de science, c'est-à-dire un âge classique.
Sans doute, il est utile de percer à jour l'erreur
des néo-classiques qui veulent un appauvrissement de notre lyrisme et de notre langue en
nous donnant comme modèle notre xviie siècle! Ils prétendent que le vers classique est
nécessaire au classicisme. Certains croient même que le classicisme est un idéal auquel
nous n'atteindrons pas si nous ne possédons un roi... Ce n'est pas cela et les dieux nous
en gardent. La formule classique surannée est le contraire du classicisme: il y a
classicisme dès que l'auteur domine son objet, dès que l'uvre d'art est une création
distincte de son auteur. Nous devons aborder une nouvelle littérature classique, l'il
fixé sur nos étoiles!
Un jour, marqué d'une pierre blanche, le beau vers fut tué: l'unité lyrique fut désormais le poème. Mais la liberté complète qui laisse le lyrisme se développer comme une fumée, mais la contrainte extérieure d'une forme fixe ne réussissent pas à la création d'une uvre d'art. La contrainte doit être intérieure; l'uvre d'art doit être conçue comme conçoit l'objet de sa fabrication l'ouvrier d'une pipe ou d'un chapeau; toutes les parties doivent avoir leur place strictement déterminée selon leur fonction et leur importance. L'objet importe ici et non tel ou tel de ses éléments.
Jusqu'à présent, le lyrisme français, et particulièrement la poésie [4] symboliste, fut surtout basé sur le verbe, sur la beauté verbale. Or il serait fou sans doute de ne pas se servir de l'étrange magie des mots, mais nous ne la considérons que comme un moyen, au même titre que le rythme, la musicalité, la rime, l'assonance, etc. Le but du poète est de créer une uvre qui vive, en dehors de lui, de sa vie propre, qui soit située dans un ciel spécial, comme une île sur l'horizon.
Enfin, pas de développement: tout ce qui se raconte, s'explique, fait intervenir un élément de ratiocination qui a toujours enchaîné à la terre notre poésie. Voyez là où la poésie a toujours librement vécu: en Chine, en Perse, en Arabie... si elle a besoin de quelque anecdote, ou de quelque raisonnement. Le raisonnement, disait Byron, est la mort de la poésie.
Plus l'émotion est prise près de sa source, plus elle est forte, mieux elle se communique! Un développement littéraire est toujours l'obscurcissement d'un état d'âme. Or la complexité d'un instant est la plus forte unité qu'on puisse donner à une uvre.
Le désordre apparent des derniers poètes n'a rien de commun avec les simulacres de folie hamlétique des poètes de la fin du xixe siècle. Actuellement, le manque de développement est une descente plus intime dans le cur du poète pour le renforcement et l'unité de son uvre.
Quels efforts les acteurs de talent qui veulent émouvoir ne font-ils pas pour faire jaillir un
beau cri des paroles d'une tirade théâtrale! Pourquoi ne pas laisser subsister le beau cri et
sacrifier soi-même la tirade!
Aussi, loin d'être – comme l'a déjà affirmé un critique sagace! – la "queue du symbolisme", nous prétendons n'avoir rien de commun avec lui. Sans doute, les thèmes de la poésie sont éternels. Toujours, il y eut des poètes de talent: La façon de créer, l'esthétique seule diffère.
Notre esthétique est déjà élaborée; elle vit de sa vie indépendante. Elle est faite de concentration, de composition, de pureté. Nous voulons constituer des uvres qui utilisent les libertés conquises par nos prédécesseurs mais en rapprochant les éléments les plus divers et en apparence les plus disparates.
Erstdruck und Druckvorlage
Nord-Sud.
Revue littéraire.
Jg. 1, 1917, Nr. 1, 15. März, S. 2-4.
Gezeichnet: Paul Dermée.
Die Textwiedergabe erfolgt nach dem ersten Druck
(Editionsrichtlinien).
Nord-Sud. Revue littéraire online
URL: https://bluemountain.princeton.edu/bluemtn/cgi-bin/bluemtn
URL: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34423648d/date
URL: https://catalog.hathitrust.org/Record/000519717
Kommentierte Ausgabe
Literatur: Dermée
Brandmeyer, Rudolf: Poetiken der Lyrik: Von der Normpoetik zur Autorenpoetik.
In: Handbuch Lyrik. Theorie, Analyse, Geschichte.
Hrsg. von Dieter Lamping.
2. Aufl. Stuttgart 2016, S. 2-15.
Delbreil, Daniel (Hrsg.): Dictionnaire Apollinaire.
Paris 2020.
Krzywkowski, Isabelle: Le Temps et l'Espace sont morts hier.
Les années 1910 – 1920: Poésie et poétique de la première avant-garde.
Paris 2006 (= Collection "Les aéronautes de l'esprit").
Linarès, Serge: Le front poétique en 1917.
In: Littérature 188 (2017), S. 8-27.
URL: https://www.cairn.info/revue-litterature-2017-4-page-8.htm
Marcus, Laura: Rhythmical Subjects.
The Measures of the Modern.
Oxford 2023.
Meazzi, Barbara: Le Futurisme entre l'Italie et la France 1909-1919.
Chambéry 2010.
Nicol, Françoise: Braque et Reverdy, la genèse des Pensées de 1917.
Paris 2006.
Sanouillet, Michel: Dada à Paris.
Éd. nouvelle, revue, remaniée et augmentée par Anne Sanouillet.
Paris 2005.
URL: https://books.openedition.org/editionscnrs/8798?lang=fr
Literatur: Nord-Sud
Béhar, Henri: Reverdy et "Nord-Sud".
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Curatolo, Bruno (Hrsg.): Dictionnaire des revues littéraires au XXe siècle.
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Dell, Simon: After Apollinaire:
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Hrsg. von Peter Brooker u.a.
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In: Ders., Circonstances de la poésie. Reverdy, Apollinaire, surréalisme.
2. Aufl. Paris 2009, S. 49-61.
Michel, Laure: "SIC" et "Nord-Sud", deux revues en temps de guerre.
In: Heroisches Elend. Der Erste Weltkrieg im intellektuellen, literarischen und bildnerischen
Gedächtnis der europäischen Kulturen = Misères de l'héroïsme. La Première Guerre mondiale
dans la mémoire intellectuelle, littéraire et artistique des cultures européenes.
Hrsg. von Gislinde Seybert u. Thomas Stauder.
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Stead, Évanghélia / Védrine, Hélène (Hrsg.): L'Europe des revues II (1860-1930).
Réseaux et circulations des modèles.
Paris 2018.
Suter, Patrick: Les revues littéraires en 1917.
In: Littérature 188 (2017), S. 61-73.
Wagner, Birgit: Nord-Sud. Revue littéraire (1917 – 1918).
Eine Momentaufnahme der avantgardistischen Intelligenz.
In: Poetologische Umbrüche. Romanistische Studien zu Ehren von Ulrich Schulz-Buschhaus.
Hrsg. von Werner Helmich u.a.
München 2002, S. 284-296.
Edition
Lyriktheorie » R. Brandmeyer